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Département Hérault
27 août 2007

Chateau de Cassan

Num_riser0015La position topographique du château de Cassan est des plus pittoresque. Bâti sur l'ancienne route de la montagne, (d'Agde à Castres) entre Roujan et Gabian, au sommet d'un vallon produit par l'écartement du piton volcanique de Ste Marthe et la butte basaltique de St Hilaire, il était occupé, avant la révolution, par les chanoines réguliers de Ste Geneviève de Paris, et c'est le dernier prieur commanditaire, l'abbé Patz, qui le fit construire en 1754.
L'architecture de cet édifice plus appropriée à une demeure princière qu'à un cloître, rappelle par son aspect les grandes et belles façades du XVIII° siècle.
L'ordonnance en est très bien comprise, les deux avant-corps qui font pressentir leur prolongement sur la façade postérieure, attirent les regards sur le motif du milieu, surmonté d'un couronnement à la balustrade avec vases à flammes.
Le rez de chaussée comprenait de vastes appartements, richement meublés, et sur les ailes les dépendances, cuisines, gardes-manger, fours, boulangerie, écuries ; enfin tous les accessoires indispensables à un prieuré dont les revenus étaient si considérable.
Le premier étage était réservé aux Pères et aux étrangers de distinction.
Le deuxième étage comprenait la lingerie, le vestiaire, le logement de l'économe, les greniers à provision et enfin la bibliothèque pouvant renfermer plus de 10 000 volumes.
Sur l'aile droite, il existe encore une tour carrée transformée de nos jours en pigeonnier.
Il est regrettable que les constructions dans lesquelles elle est englobée ne permettent point de voir l'ensemble des ruines de la chapelles don les voûtes existent encore ; elle doit être antérieure au XII° siècle. C'est sans contredit à cette chapelle et à la source qui coulait auprès que le château de Cassan doit son origine.Num_riser0016
Sur la droite on aperçoit la tour carrée, surmontée d'une horloge qui donne les heures aux campagnes avoisinantes.

Cassan_35Entre les deux ailes, un petit jardin avec un réservoir. Et enfin, sur la gauche, appuyée au cloître, l'église romane surmontée de son édicule, un des plus beaux spécimens d'architecture byzantine du midi de la France.
Ce monument, de forme circulaire, est percé dans sa partie inférieure de six ouvertures séparées par des colonnettes à chapiteaux ornés de feuillage, sur lesquels viennent se reposer des archivoltes.
Sur la toiture en pierre s'élève une petite tourelle cylindrique percée de baies très rapprochées que surmonte une calotte sphérique. Il est construit en petit appareil d'un grès très dur qui a pris une coloration rougeâtre.
Num_riser0017Nous avons toujours émis des doutes sur la destination primitive du campanile de Cassan. On remarque en effet sur le côté droit de l'église les ruines d'un ancien clocher à base carrée, couronné probablement autrefois par le campanile actuel.
Lors de sa démolition, afin de conserver la partie supérieure, on  jugea à propos de le reconstruire sur la voûte de l'église.
La plupart des clochers romans, si sobres dans leur décoration se terminent généralement par une partie cylindrique affectant des formes très variées.
D'ailleurs, les constructeurs de l'époque romane qui étaient logiques, n'auraient pas élevé ce campanile sur le faîte de l'église, où il n'aurait eu aucune destination, car primitivement il devait renfermer la cloche du monastère, tout porte donc à croire que son emplacement était autre.Cassan_414
Sa silhouette se détachant au sommet d'un clocher élevé désignait de loin au voyageur, l'emplacement du cloître.
L'église romane a une seule nef, avec arcades simulées. Sur les murs latéraux, des baies à large évasement ne laissaient parvenir que très peu de lumière dans l'édifice.
Cassan_76Ce monument serait très beau à voir si de grands tonneaux, des murailles noircies par la fumée d'une ancienne distillerie et les dégradations de toutes sortes ne lui avaient pas enlevé son premier caractère. Num_riser0018
La porte d'entrée de la façade avec les archivoltes ornées, son architecture sobre est très belle. Elle est murée depuis longtemps. Au-dessus une rosace jette une lueur blafarde dans l'édifice à travers les carreaux noircis.
Cassan_48On peut admirer quelques colonnes et chapiteaux romans qui se détachent vigoureusement du nu du mur.
Le vandalisme du XVIII° siècle, qui consistait à mettre au goût du jour les vieux édifices, avait presque terminé son oeuvre de destruction, aux colonnes cylindriques, aux grands chapiteaux, on substituait des pilastres corinthiens, les archivoltes et le profil roman, à larges saillies, disparaissaient sous la maigre moulure, lorsque la révolution, qui vit démolir plusieurs de nos monuments, arriva cependant à temps pour arrêter le marteau de ces réformateurs de mauvais goût (planche XIX) et sauver quatre colonnes et chapiteaux qui nous permettent de juger de l'oeuvre de l'ensemble.Num_riser0019
Le choeur fut reconstruit au XVIII° siècle. Aujourd'hui de vastes caves en pierre occupent toute cette partie.
Une porte latérale du même style que celle de la façade donnait accès au cimetière.
Cassan_37
Monsieur Crouzat, dans la monographie du Prieuré de Cassan, parle des oubliettes de ce monastère. Nous lui empruntons à ce sujet la description qu'il en donne.
"On voit encore entre ces deux semblants de contreforts, qui ne sont autre chose que les parois de la tour, une voûte recouverte de briques et entourée de lauriers tins. Deux bancs de pierre sont placés dans cet espèce de cabinet de verdure où conduisent deux sentiers aux sinuosités ombrageuses. On y goûterait volontiers la fraîcheur aux heures les plus brûlantes de la canicule, ou bien le soir on y écouterait avec délice le chant du rossignol si on ne savait qu'en dessous était le vade in pace du couvent. C'est en visitant cette horrible demeure que notre présemption sur l'existence primitive du clocher s'est changée en certitude ; car en pénétrant sous la voûte on se heurte au pilier d'un petit escalier en spirale dont on ne compte plus aujourd'hui que sept ou huit marches.
Une froide humidité règne en ce lieu que la favorite du prince de Conté avait transformé en glacière. Mais il paraît qu'il devait exister un autre cachot, car le père Leroger, dans la Vie du Père Blanchard, abbé de Ste Geneviève, parle d'un lieu souterrain placé sous l'ancien réfectoire. Seon lui ce lieu faisait horreur."
La vue du château de Cassan (planche XVI) montre au premier plan l'église avec son campanile et le prieuré dont la façade est percée de 57 ouvertures.
Le bois de Ste Marthe laisse apercevoir au dessus des taillis les ruines d'une ancienne chapelle qui était autrefois un but de pélerinage.
Sur la rive droite du château, de grands viviers fournissaient aux bons Pères de belles carpes et les bois voisins un gibier abondant.

Tiré du livre "l'Hérault historique" écrit par Albert Fabre et Paul Fabre en 1876

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