Nourrir ses vignerons
L'an de l'incarnation de Notre-Seigneur 1357, régant monseigneur Jean, roi des Français, et le troisième jour du mois d'avril, devant le bayle et les consuls de Marseillan, par devant maître Bernard Pini, notaire public de la ville d'Agde et du bourg de Marseillan, il fut dressé un acte relatif à la nourriture des ouvriers employés aus travaux de la campagne. Il fut convenu, que sous peine d'une amende de 20 sols : "... nul ne pourra nourrir ceux qui charrieront le sel à dos de mulet, mais seulement leur donner une fois par jour du vin et de quoi faire un repas.
Item, on pourra pendant les vendanges nourrir les hommes et les femmes qu'on y emploiera sans leur donner le souper, mais le souper pourra être donné au fouleur, au chef des travailleurs, et à celui qui tasse les raisins dans les tinettes.
Item, nul ne pourra nourrir les femmes qui ramassent les sarments et les mettent en fagots, mais seulement leur donner un repas à midi, sans vin.
Item, il est permis à chacun de traiter, ainsi qu'il l'entendra, les étrangers qui viennent travailler dans le bourg".
Les propriétaires du lieu avaient eu maille à partir avec des ouvriers agricoles contestataires et ils rédigèrent une étrange convention où les brassiers locaux étaient traités plutôt durement et presque condamnés à la frugalité.
Les étrangers, quant à eux, pouvaient bénéficier de conditions meilleures... ou pires.