Les malheurs des frères Argand
Quelques années avant la Révolution française, deux Genevois, les frères Argand s'installent au château du Bosc près de Montpellier puis à Mèze, qui était alors un des plus grands centres de tonnellerie d'Europe puisque cette industrie y occupait 1 200 ouvriers.
Ils dressent plusieurs alambics confectionnés avec un alliage d'argent qui donne une eau-de-vie douce à laquelle le physicien et chimiste Chaptal rend hommage dans son livre sur "L'Art de faire le vin".
Le 9 décembre 1778 ils demandent le privilège exclusif de la fabrication des eaux-de-vie dans la Province du Languedoc. Mais leur réussite et leurs méthodes nouvelles ont déjà alarmé des concurrents de la région de Cognac et du Bordelais. Ils n'obtiennent pas le privilège malgré les 5 000 barriques d'eau-de-vie qu'ils fabriquent déjà. Excédés ils abandonnent le pays en 1797.
Auparavant ils vendent leur usine aux frères Pinot de Mèze qui feront fortune avec une méthode d'extraction du sucre de raisin mise au point par les frères Argand. Quelques années plus tard, avec le Blocus continental, le sucre de raisin et de betterave prennent le relais du sucre de canne.
En Angleterre les frères Argand inventent la lampe Quinquet mais c'est un pharmacien anglais doué d'un sens commercial plus aigu qui leur achète le brevet et l'exploite. Les frères Argand meurent dans la misère.
Malgré tout, grâce à eux, Mèze a possédé vers la fin deu XVIIIe siècle la plus grande "brûlerie" d'eau-de-vie du monde.