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Département Hérault
30 mai 2007

Le sac de Béziers - 22 juillet 1209

Après avoir passé le Rhône, l'armée des Croisés, menés par l'abbé Citeaux, légat du pape, s'acheminait vers Béziers. L'évêque de cette ville, prévoyant le sort qui attendait les habitants, s'ils s'obstinaient dans leur résistance, les supplie de livrer leur place. Ceux-ci, albigeois ou catholiques, refusent.
Le récit suivant est tiré de la Chanson de la Croisade albigeoise, récit en vers, écrit en langue provençale par un clerc, Guillaume de Tudèle. (1)

Ce fut le jour de la fête de la Madeleine que l'abbé de Cîteaux amena son armée et la fit camper tout autour de la plaine. J'imagine qu'à cette vue le tourment et la peine grandirent dans le coeur des assiégés. Apprenez donc ce qu'ils faisaient, ces rustres, plus fous et plus niais que des baleines : brandissant leurs pennons (2) blancs, faits de vulgaire toile, ils couraient vers l'armée, en criant de toute leur voix. Ils pensaient les épouvanter comme on fait pour les oiseaux d'un champ d'avoine, en les huant à grands cris et en agitant leurs banderoles d'étoffe, le matin, quand brillait le jour.
Lorsque le roi des ribauds (3) les vit escarmoucher contre l'armée des Français, en poussant de grands cris, lorsqu'il les vit tuer et mutiler un croisé français qu'ils avaient renversé du haut d'un pont, il appela tous ses truands. A haute voix, ils s'écrièrent : "Allons, les assaillir !". Aussitôt dit ils se munissent chacun d'une massue ; ils n'ont pas d'autre engin je crois. Ils sont plus de quinze mille, ces va-nu-pieds. En chemises et en braies, ils vont entourer complètement la ville pour en démolir les remparts ; descendant dans les fossés, ils se mettent à les saper à coups de pics, tandis qu'une partie d'entre eux commencent à briser et mettre en pièces les portes. A cette vue, les bourgeois sont pris de peur. Les croisés de l'arme criaient de leur côté : "Allons tous nous armer !". Alors, vous auriez vu quelle mêlée pour pénétrer dans la ville. Force fut aux assiégés d'abandonner les remparts. Emmenant leurs femmes et leurs enfants, ils se rendirent à l'église et firent sonner les cloches. Rien ne pouvait plus les protéger... Les prêtres et les clercs revêtirent les mêmes ornements sacrés et firent les mêmes sonneries de cloches que s'ils allaient célébrer une messe des morts pour les funérailles d'un défunt. A la fin, les Bitterois, ne purent empêcher les truands d'entrer dans leur ville, et ceux-ci s'emparèrent de leurs maisons comme ils voulurent, car ils auraient pu en choisir chacun dix s'ils avaient voulu. S'étant échauffés, ils n'avaient pas peur de la mort ; ils tuèrent et massacrèrent tous ceux qu'ils rencontrèrent, prirent et enlevèrent à foison les objets de valeur. Pour toujours ils en seraient enrichis s'ils pouvaient les garder ; mais, à bref délai, force leur sera de les lâcher, car les barons de France voudront s'en emparer, bien que ce soient eux qui les aient pris...
Les ribauds et leur roi avaient cru pouvoir se réjouir du riche butin qu'ils avaient fait et en être enrichis pour toujours. Aussi, quand ils s'en virent privés par les barons, crièrent-ils tous en masse, ces vauriens de truands : "Au feu ! au feu !" et allèrent chercher des torches, asses pour former un bûcher. Le feu se mit à la cité et l'effroi se répandit ; la ville entière brûla dans toute sa longueur et sa largeur.

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