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Département Hérault
22 octobre 2006

PEZENAS

Si Pline l'Ancien, dans son Histoire Naturelle, vantait la qualité parfaite de la laine en provenance de la ville de Piscenae, c'est que ce camp romain, bâti à la confluence de l'Hérault et de la Peyne, concentrait dans ses murs les revenus d'un élevage ovin florissant. Après de long siècles de repli du Haut Moyen Âge, Pézenas s'anima quelque peu au début du XIII° siècle, lors de la croisade contre les albigeois. C'est en effet à Pézenas, au printemps 1210, que Simon de Montfort reçut de son épouse Alix de Montmorency, les renforts qui allaient lui permettre de poursuivre sa guerre de conquête. C'est également à Pézenas que Louis VIII, en 1226, fit étape, après le siège d'Avignon, lors du périple occitan de sa croisade royale. Et le destin de la petite cité changea quelque peu, en 1261, lorque le roi de France, Louis IX, le futur Saint Louis, décida de racheter aux petits seigneurs locaux, les seigneureries de Tourbes et de Pézenas. Du coup, en 1314, l'ancienne chapelle des Templiers devint grande église et fut dédiée à saint Jean. Très remaniée depuis lors, elle fut en partie reconstruite au XVIII° siècle. Restée inconditionnellement fidèle aux Capétiens, même au plus fort des tourmentes de la croisade contre les albigeois et de la guerre de Cent Ans, la ville de Pézenas reçut sa récompense, le droit de tenir foire. Durant une dizaine de jours, à la Pentecôte et à la Toussaint, les négociants languedociens se rencontraient sur les bords de l'Hérault pour y vendre leurs ballots rebondis de laine qui prenaient ensuite le chemin de l'Italie ou du Levant. Cette puissance économique, qui lui conférait une solide aisance, lui ouvrit des perspectives de puissance politique non négligeables. Les états généraux de la province du Languedoc s'ouvrirent pour la première fois à Pézenas en 1456 et ce jusqu'en 1692. La ville fut le siège de ces assemblées annuelles où l'on débattait aussi bien de l'assiette des impôts que du droit de remontrance que l'on ne manquait pas d'exercer envers le pouvoir royal parisien. Les ducs de Montmorency en firent leur résidence, quand ils reçurent la charge héréditaire de gouverneur du Languedoc. Pézenas devint, à partir de 1526 et sous leur impulsion, l'une des capitales provinciales les plus prisées du royaume et l'une des bases opérationnelles de la Contre-Réforme. En 1632, Henri II de Montmorency, en rébellion ouverte contre la mainmise du cardinal de Richelieu sur les rouages internes de l'Etat, fut décapité dans la cour du Capitole à Toulouse. Ce pouvait être le déclin pour cette petite capitale qui puisait sa gloire de son gouverneur, une bonne part de renommée. Le hasard des successions en décida autrement. C'est Armand de Conti, le frère du Grand Condé, qui reçut le comté de Pézenas en 1651, et par là, le titre de gouverneur en 1660. Il s'installa dans l'ancienne résidence des Montmorency, un temps délaissée, le château de La Grange-des-Prés et en fit le "Versailles du Languedoc". En 1650, Molière, qui promenait par là les chariots de son Illustre Théâtre, eut la bonne idée de s'y arrêter et finit même par s'y installer, juste le temps d'acquérir cette renommée que lui avait refusée Paris. Il trouva dans la maison de Gély, son ami, barbier de son état, bien des sources d'inspiration pour croquer les personnages si criants de vérité de ses comédies. De cette époque, Pézenas a conservé un héritage urbain et architectural exceptionnel avec des rues dont les noms ont gardé les saveurs du bien-vivre, comme celle de la Triperie-Vieille. Les hôtels anciens sont ouverts en galeries sur leurs cours intérieures, comme l'hôtel d'Alfonse, dans la rue Conti, qui servit de décor aux pièces de Molière. L'hôtel Jacques-Coeur et ses sculptures à figures humaines, l'hôtel de Lacoste et ses galeries à voûtes gothiques, la porte en accolade de l'hôtel de Graves, le musée de Vulliod-de-Saint-Germain et ses collections, font partie de ce patrimoine de Pézenas, classé en 1963, par la loi Malraux, en secteur sauvegardé.

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